Le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) pour l’année 2018 classe la Tunisie en première position au Maghreb, 4e en Afrique et 79e dans le monde, sur 151 pays listés, et ce, par rapport à l’Indice du commerce électronique entre l’entreprise et le consommateur. Même si les chiffres sont prometteurs, beaucoup reste à faire pour que la Tunisie puisse s’imposer dans le domaine aussi bien au niveau maghrébin qu’africain.
D’après les chiffres publiés par l’Institut national de la consommation (INC), et qui concernent le Baromètre du e-commerce en Tunisie en 2018, les ventes en ligne ont atteint 63 millions de dollars en 2017. Un montant relativement faible par rapport aux marchés africains du e-commerce plus matures à l’instar de celui du Maroc (2,35 milliards de dollars) et de l’Afrique du Sud (2,3 milliards de dollars).
Lacunes à dépasser…
Ainsi, le e-commerce en Tunisie ne représente que 0,16 % des échanges de biens et de services. Toujours selon l’INC, le commerce électronique tunisien fait face à plusieurs contraintes, notamment celles liées au statut de monnaie non convertible du dinar tunisien et à l’absence générale de cartes de crédit et de moyens de paiement électronique à l’échelle internationale.
Autre entrave à l’évolution rapide du e-commerce en Tunisie est le manque de diversité des méthodes de paiement, ce qui constitue une véritable préoccupation pour les sites e-commerce nationaux. La plupart ne proposent que le paiement contre remboursement, ce qui représente près de 70% de tous les paiements effectués en ligne, un pourcentage élevé par rapport à la moyenne mondiale qui est de 7%.
Cela s’explique également par le fait que les Tunisiens doutent de la fiabilité des méthodes de paiement en ligne.
En effet, selon un sondage Ipsos, les internautes tunisiens n’achètent pas en ligne parce qu’ils ne font pas confiance aux systèmes de paiement. Pour une grande majorité de Tunisiens, les sites e-commerce devraient proposer davantage de méthodes de paiement.
Néanmoins, d’après le rapport de la Cnuced, rendu public en janvier 2019, les choses semblent être un peu différentes. Le secteur du e-commerce est un peu plus performant que ce que l’on croyait. La Tunisie doit sa performance à deux éléments majeurs. Le premier concerne la logistique avec un taux de pénétration d’Internet estimé à 66% (environ 8 millions d’abonnés au net) et 1.450 sites marchands. Le second a trait à l’évolution du nombre de transactions commerciales en ligne lequel nombre a atteint, en 2017, une valeur de 166 millions de dinars dont 36 millions de dinars à l’échelle internationale, selon des statistiques du ministère du commerce.
Et les classements maghrébin et africain sont là pour le confirmer. Afin de consolider davantage sa position sur le marché africain, la Tunisie doit s’appuyer sur ses adhésions aux trois principaux groupements de libre-échange africains, à savoir la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et à la Zone de libre-échange continentale (Zlec). D’autres pistes sont, également, envisageables comme l’exploitation du retard accusé en Afrique, en matière d’e-commerce. En 2017, seuls 21 millions d’Africains ont acheté en ligne, ce qui représente moins de 2 % du total mondial.
…Opportunités à saisir
Une récente étude menée par Boston Consulting, sur le e-commerce en Afrique, réalisée sur le thème «comment les Market-places digitales peuvent propulser l’emploi en Afrique» avait révélé que le e-commerce assurera des emplois à près de 3 millions en Afrique d’ici 2025. La Tunisie devrait profiter des plateformes du e-commerce, sur le continent. Ces plateformes qui apportent des services à valeur ajoutée en mettant en relation acheteurs et fournisseurs de produits et de services créant, ainsi, de nouveaux emplois sur le continent.
Ces emplois seront répartis comme suit : 58% pour le secteur des biens de consommation, 18% pour les services à la mobilité et 9% pour le secteur des voyages et de l’hôtellerie. D’après d’études, ces diverses plateformes favoriseront la croissance économique en général sans pour autant perturber l’activité des entreprises physiques existantes.
L’étude explique, par ailleurs, que le marché du digital stimule le marché du travail et les revenus à travers la création de la demande pour de nouveaux domaines, comme les développeurs ou les spécialistes du marketing digital, en plus des débouchés pour les métiers traditionnels tels que les artisans, les commerçants, les conducteurs, ou agents de logistique. Par ailleurs, les sites du e-commerce offrent souvent des programmes de développement de compétences et aident les petites entreprises à mobiliser les capitaux pour étendre leurs activités.